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Pour une diversification alimentaire joyeuse  

Naturopathe, spécialisée dans l’accompagnement de la femme enceinte et du nourrisson, Candice Levy est convaincue que la nutrition est au cœur de la santé de nos enfants. Elle vient d’écrire un livre, L’Assiette de bébé*, que nous avons dévoré. Elle y dévoile son point de vue de maman mais aussi ses secrets et recettes pour une alimentation bébé variée et colorée. Nous l’avons rencontrée.    

 

©Laetitia Dalbies

 

Avant des questions de santé, vous voyez l’alimentation comme un lien d’amour avec son enfant ?

Tout à fait. C’est un flux de bonnes énergies et de vitalité que l’on offre et que l’on partage. C’est l’intention qu’on y met. Lorsqu’on prépare à manger, on y apporte toute notre conscience et notre état d’âme. On peut aussi y mettre un grain de folie avec des couleurs. Le temps qu’on passe à choisir ses produits chez le maraîcher est déjà une intention de prendre soin de l’enfant, déjà une volonté de devenir acteur de sa santé.

Quels sont les enjeux d’une « diversification réussie » ?

De 0 à 3 ans, l’impact de l’alimentation sur le système immunitaire est très grand. Jusqu’à 7 ans, le système immunitaire n’est pas mature. 80 % des cellules immunitaires se logent dans les intestins d’où l’importance d’une alimentation saine contenant le moins de toxines possibles et la plus variée en termes de micro-organismes de qualité.
C’est aussi important en termes d’éveil. Une alimentation variée, joyeuse et colorée, avec du rouge, du vert, du jaune, avouez que c’est quand même mieux qu’une purée toute blanche, non !? Chez l’enfant tout participe à stimuler ses 5 sens. C’est pour cela qu’il ne faut pas l’empêcher de toucher les aliments. Mais attention, ce livre n’est pas un manuel d’orthorexie ! Il rappelle plutôt des principes simples sur l’alimentation, du bon sens. J’aime me rappeler que les réponses à nos questions sont à l’intérieur de nous. En tant que parents, nous sommes les plus connectées à nos bébés et savons par instinct ce qui est bon pour eux. Lorsque des mamans viennent me voir, c’est elles qui trouvent la solution.

Vous conseillez aussi de considérer notre bébé comme un guide ? Expliquez-nous.

Il faut lui faire confiance. En dehors des choix qualitatifs sur l’alimentation qui nous appartiennent, le bébé sait lorsqu’il est rassasié. C’est très intéressant d’observer ses choix. Il est capable d’équilibrer ses besoins en légumes, en protéines, etc., sur la semaine. Un jour, il mangera plus de légumes, le lendemain plus de calcium. Mais, encore faut-il lui en laisser la possibilité. Il s’autorégule. C’est pour cette raison qu’il ne faut jamais le forcer à manger. Être à l’écoute de son enfant sur l’alimentation est important. Mon livre est juste un cadre. Après, il n’y a pas de règle, chaque enfant a son propre rythme.

 

Vous insistez sur l’importance de la mastication dès l’âge de 7 mois alors qu’on aurait plutôt tendance à tout vouloir tout mixer. Pourquoi ?

Parce que la mastication est la première étape de la diversification. Elle facilite la digestion. Ce n’est pas parce que votre enfant n’a pas de dents, qu’il ne peut pas mastiquer ! Ses gencives sont capables d’écraser les aliments. Ne sous-estimez pas la puissance de sa mâchoire ! Des orthophonistes et dentistes ont montré que trop de préparations mixées pouvaient engendrer des soucis de placement de dents et des troubles du langage. Alors, écrasez vos légumes à la fourchette !

Souvent, on se dit que nos petits pots home made sont un peu fades, un peu boring. On a envie de relever tout ça, de rajouter plein de choses de dedans.  Pourquoi déconseillez-vous de trop mélanger les goûts ?     

Parce que les bébés ont les papilles gustatives 100 fois plus sensibles que celles de l’adulte. Introduisez un aliment à la fois. Les goûts des bébés ne sont pas les nôtres. Ils ont besoin d’identifier les saveurs d’un légume ou d’un fruit, de le reconnaître pour l’adopter. Ne craignez pas la monotonie, votre bébé est au départ mono-aliment. Variez les plaisirs avec différents modes de cuisson (à la vapeur, à l’étouffée), en assaisonnant avec des huiles différentes (colza, lin, chanvre, olive) et pourquoi pas en mélangeant avec des céréales pour bébé.

 

Candice Levy

Vous introduisez la volaille à partir de 7 mois. Les autres viandes (jambon, porc, bœuf, veau) à partir de 18 mois seulement alors que la plupart des petits pots industrielles les ajoutent à partir de 8 mois. Pourquoi si tard ?

Parce qu’elles sont beaucoup plus riches en toxine, sans parler de leur qualité. Elles sont plus acidifiantes et surchargent les fonctions du rein qui ne sont pas encore matures. Il faut respecter la physiologie digestive de l’enfant pour qu’il puisse assimiler au mieux les aliments correspondant à ses besoins.

Vous déconseillez les œufs durs alors qu’on lit partout qu’ils sont bons pour la santé de l’enfant ?

L’œuf est en effet la référence protéique par excellence pour faire grandir votre enfant. Mais, plus il est cuit, plus il perd ses nutriments et plus il est lourd à digérer. Il est aussi bien trop riche en cholestérol. Privilégiez plutôt les œufs à la coque ou les œufs mollets. Dès 7 mois. Choisissez-les issus de l’agricultures biologiques, ils seront d’une qualité nutritionnelle supérieure.

Quid des produits laitiers ?

Aujourd’hui, on mange beaucoup trop de produits laitiers et de mauvaise qualité. Les préparations à base de lait pasteurisé mélangeant différents laits sont pleines de résidus. Favorisez des produits issus de l’agriculture biologique, du lait cru et des fromages affinés pendant plus de 18 mois. Aussi, le lait de vache a une faible biodisponibilité, c’est-à-dire qu’il est mal assimilé. Mieux vaut donc une consommation modérée de deux à trois fois par semaine. Des rougeurs, eczéma, démangeaisons, un transit perturbé, des troubles ORL à répétition sont les signes majeurs d’une intolérance au lactose issu du lait de vache.

S’il n’y avait qu’une seule chose à retenir ?

Les lipides. L’apport de matières grasses est souvent négligé chez bébé alors qu’il est essentiel à sa santé. C’est sa première source d’énergie. Les matières grasses participent à son développement cérébral, rétinien, à sa croissance. Il faut varier les bons acides gras riches en oméga-3 (huile de lin, de colza, de noix, de chanvre…), oméga-6 (huile de tournesol, de germe de blé, d’onagre, de bourrache) et oméga-9 (huile d’olive, de sésame, etc.). Je conseille souvent aux mamans, pour se simplifier la vie, l’huile bébé de Quintesens associant 6 huiles bio complémentaires apportant à bébé tout ce dont il a besoin.

 Et une chose à éviter ?

Le sucre ! La saveur sucrée est innée chez votre bébé, elle lui rappelle le goût rassurant du liquide amniotique in utero. Ce dernier prend le goût de ce que vous mangez, plus particulièrement le sucré. Cependant, il faut l’introduire le plus tardivement possible car il ne sert à rien nutritionnellement. Au contraire, il favorise les caries, installe l’obésité, déséquilibre le microbiote intestinal, fragilise le système immunitaire, etc.  Soyez vigilant car il se cache partout. Optez plutôt pour du sucre sous sa forme naturelle :  fruits frais, fruits secs, agave ou sucre de coco.


L’Assiette de bébé, conseils pratiques et recette d’une naturopathe, par Candice Levy et Virginie Garnier, éditions Hachette Pratique, 207 x 242 mm, 192 p., 19,95 €.

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