Sur Facebook et Instagram, les punchlines #ParentÉpuisé nous font mourir de rire, surtout en ces temps de confinement. Depuis 4 ans, sa fondatrice, Shiva Shaffii, maman de 2 enfants, et sa team détendent les parents au bord de la crise de nerf avec un humour irrésistible. Sa communauté compte désormais plus de 400 000 membres. Cette « bad mother », aussi drôle que bienveillante, répond à nos questions et donne quelques-uns de ses tips pour mieux vivre cette drôle de période.
Face à ce confinement, les enfants H24 et le télétravail, avez-vous un conseil à adresser à ces parents littéralement épuisés ?
Concilier le télétravail et les enfants, certains parents avaient déjà pu l’expérimenter occasionnellement lorsqu’un enfant était malade par exemple, mais l’expérience était limitée dans le temps et par le nombre d’enfants. Ce qui est inédit aujourd’hui, c’est que l’effort doit tenir sur la durée et avec tous les enfants de la famille en même temps !
Alors mon conseil, c’est tout d’abord de ne pas se mettre trop de pression. Il va falloir tenir longtemps alors, à choisir, mieux vaut que les enfants restent en pyjama sans faire leurs devoirs à la lettre dans une bonne ambiance plutôt que de risquer le burn out après cette période intense.
On sous-estime énormément la plasticité cérébrale des enfants et, vues les circonstances exceptionnelles, il faut se détendre un peu et ne pas essayer de remplacer l’école. Ils rattraperont et nous seront surpris !
Pour moi, l’essentiel, c’est de se serrer les coudes et d’instaurer une bonne entente. Pour que cela se passe bien, pour beaucoup d’enfants, il faut instaurer un cadre, une routine (au moins pour pouvoir dire de temps en temps qu’on la rompt). Et puis cela va rassurer tout le monde de voir qu’il a le temps qui lui faut pour travailler, se reposer, partager.
Au-delà de ce premier pré-requis, tous les jours, la team Épuisée partage ses conseils avec des idées d’activités, de recettes, de moments zen, de programmes télé 0 culpabilité (on se détend avec le 0 écran hein !) qui vont nous faciliter la tâche et nous faire gagner l’amour de nos enfants (et oui, ça tient à peu de choses…). Le groupe Facebook Parent Épuisé – on va tout partagé est également une mine d’or ; on s’y marre bien et c’est précieux !
Vous avez élaboré beaucoup de kits de survie pour les parents en détresse. Dans celui « des enfants confinés », quel serait le Top 3 des activités à recommander ?
Si vous saviez… (rires). Juste avant la crise, nous avons lancé un kit de survie « J’m’ennuie »… Et je vous jure qu’on n’était pas au courant ! En tous cas oui, j’ai quelques idées qui, je pense, sont assez universelles :
La boum : parce qu’on a besoin de se défouler, que la musique adoucit les mœurs, que c’est un moment de partage à la portée de tous qui ne requiert aucune « compétence » particulière et puis parce qu’une belle fête, ça se prépare… Alors pour la super boum du samedi, faîtes monter la sauce et demandez-leur de décorer le dance floor ! Ils adorent danser à tous les âges
Les cris d’animaux : c’est justement notre kit « J’m’ennuie ». Le principe est de faire deviner un animal à partir de son cri ou en le mimant. Tout le monde peut participer et surtout les grands (ça leur apprendra que le ridicule ne tue pas). C’est un super déclencheur de fou rire et pendant cette période, il faut sécréter de l’endorphine : on en a besoin plus que jamais ! (Et en plus ça permet de préserver un peu la cave qui se vide à vitesse grand V)
Les recettes en famille : parce que ça permet de manger ET de réviser les maths, sans compter que les enfants mangent bien plus facilement ce qu’ils ont préparé. Après, vu le bazar dans la cuisine, tout le monde passe à l’activité ménage, en mode sportif s’il vous plaît !
Qui est la team Parent Épuisé ? Comment est née sa communauté ?
La team Épuisée, c’est 6 mamans, 1 papa et 1 célibataire. Soit 18 enfants entre 2 et 15 ans. Autant vous dire que l’on a de la ressource en termes de vécu. Bien sûr, nos approches éducatives sont différentes, mais ce qui nous unit, c’est notre indéfectible envie de vouloir se parler sans tabous et d’utiliser l’arme fatale du rire pour prendre du recul et se faire du bien.
Quant à la communauté de Parent Épuisé qui regroupe bientôt 300 000 parents sur Facebook et 70 000 sur Instagram, elle est née il y a 4 ans, alors que j’étais jeune maman. Je trouvais que l’image de la parentalité véhiculée par les médias, les réseaux, la société en général, était souvent à mille lieues de ce que je vivais. Entre les images de famille parfaite, sans bruit, sans cris, sans taches qu’on trouve quand on tape le mot « famille » dans Google (si, si, faites l’exercice, c’est assez parlant de voir les résultats), et les rôles clichés de la femme trop sérieuse et impliquée, l’homme trop irresponsable et absent, cela me paraissait trop loin de moi. Alors j’ai décidé de parler un peu de la « vraie » vie, en y mettant une bonne dose d’humour, l’un des grands « liants » notamment entre hommes et femmes…. Quand on est parent, savoir prendre un peu de distance avec ce que l’on vit au quotidien, c’est une question de survie !
Vous avez un côté « bad mother/father » assez jouissif. Racontez-nous votre vision de la parentalité ?
En effet, dans Parent Épuisé, il y a une forme « d’éloge de la lose ». D’abord parce que je trouve que l’image du soi-disant « échec » est totalement erronée, car seul celui qui essaie et a des idées peut « échouer ». Ensuite, parce que personne n’est parfait et qu’il n’y a rien de plus détestable et froid que la perfection. Nous sommes sans cesse dans cette course à la perfection, quel que soit le domaine. Il faudrait être le meilleur papa, la meilleure maman. Il faudrait être pleinement épanoui dans son travail, dans son couple, dans son corps, dans sa vie sociale. Ce que l’on demande au parent est colossal et ne fait que générer une peur terrible de mal faire. Sans parler du sentiment de culpabilité permanent, premier obstacle au bonheur en famille.
Et visiblement, je ne suis pas la seule à penser ça, à en juger par l’un de nos posts les plus partagés (ci-contre).
La mission est impossible. Alors il y a ceux qui démissionnent, ceux qui craquent (un peu ou beaucoup et le burn-out parental est un gros problème de société), ceux qui mentent et ceux qui finissent par accepter leur imperfection. Nous avons décidé de rameuter le plus de monde vers la dernière catégorie, pour favoriser le lâcher prise et la joie de vivre dans le boxon familial, qui ne sera jamais autre chose qu’un « gros boxon » quoiqu’on en dise.
Où trouvez-vous toutes vos blagues ?
Vous allez être surpris, car il suffit d’observer nos vies pour en tirer ces fameuses « punchlines ». Au début, ça me prenait du temps. Puis, petit à petit, c’est devenu un automatisme. Il est fréquent que je dégaine mon téléphone en live lorsque mes enfants font une bêtise ou lancent une remarque emblématique en leur disant : « Attends, c’est un post ! » Peu à peu, toute la Team s’y est mis. Souvent, le lundi matin, on se raconte nos week-ends, nos soirées et là, sans le vouloir, les posts tombent. On reformule un peu mais ce qui est crucial : toutes nos blagues viennent de la vraie vie. D’ailleurs les rares fois où on s’est prêté au jeu de la création, le succès n’était pas au rendez-vous. Chez Parent Épuisé, on a l’habitude de parler de « points de douleur ». Et pour que la douleur s’apaise, il faut d’abord la repérer, lui donner la bonne forme, la partager et savoir en rigoler… Les posts qui se partagent le plus sont les plus justes, ceux qui appuient pile poil là où ça fait mal.
Après Le Livre de chevet du Parent Épuisé, vous sortez bientôt un nouvel ouvrage. De quoi parlera-t-il ?
Il s’intitule Parent mais toujours vivant et sortira le 4 juin. C’est un livre plus personnel et autobiographique. J’y raconte comment le fait de rire m’a permis d’être beaucoup plus heureuse et épanouie dans ma parentalité. Et aussi comment cela a donné beaucoup de force à mes enfants qui ont appris à utiliser l’humour comme une arme fatale.
Trois questions « spécial confinement » :
Le plus dur ?
Le sentiment de ne plus pouvoir fréquenter d’humains, ou en tous cas toujours les mêmes, avec ce côté étouffant. C’est pour cela que l’on a créé le Groupe Parent Épuisé – on va tout partager.
Le bon ?
Le confinement rend créatif. Comme il faut faire avec ce que l’on a, là où on est, cela demande de se creuser un peu le cerveau et d’être plus créatif qu’à l’ordinaire. Et puis, je vois plus mes enfants que d’habitude, ce qui est quand même très chouette même si c’est fatigant.
La première chose que vous ferez une fois « dehors » ?
Je conduis mes enfants chez leur papa et JE FAIS LA GROSSE FÊTE AVEC LES COPAINS !
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